LE CAMP DE JUDES... UN NOM PRÉMONITOIRE ?
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Le camp de Septfonds a été construit pour rassembler une partie des quelques 500 000 réfugiés espagnols, civils et militaires républicains qui, au début de l’année 1939, fuyaient par les frontières Pyrénéennes l’avancée des troupes Franquistes qui prenaient le pouvoir dans un pays ravagé par plusieurs années de conflit. Construit à la hâte et dans la précipitation, ce camp de Septfonds a accueilli, au plus fort de la concentration, environ 16000 hommes.
On l’appelle depuis toujours le camp de Judes.
D’ où vient ce nom ? Certains font référence à Judas, Judas Iscariote, l'un des douze apôtres de Jésus de Nazareth. Selon les évangiles il a facilité l'arrestation de Jésus par les grands prêtres de Jérusalem qui le menèrent ensuite devant Ponce Pilate. Mais cette référence biblique, même si on pourrait y voir un lien avec ces espagnols se sentant trahis, ayant peut être un sentiment d' abandon par leur propre pays et arrivant dans un pays peu accueillant, n’est que pure imagination.
Tout comme celle qui fait traduire « Judes » en « jude »… juif en allemand, ou « jewish » en anglais. Effectivement, dans la mesure où ce camp a également servi à enfermer des juifs de toutes nationalités dans les années 1941 à 1944, on pourrait trouver là une bonne raison de l’appeler ainsi.
Mais non, il n’en est rien de tout cela. Pour preuve, il suffit de consulter le cadastre Napoléonien de 1832 pour voir que le lieu s’appelait déjà « Judes ». Judes avec un « s » que le nom n’aura jamais perdu. En remontant plus loin encore, la consultation des registres paroissiaux de 1727-1791 de Lalande, hameau tout proche du camp, mentionne « Judes » comme étant un des nombreux hameaux de la paroisse de Lalande.
Alors il faut peut-être voir en ce nom une évocation biblique à Saint Jude, appelé Thaddée pour le distinguer de Judas Iscariote et universellement reconnu comme le patron des cas désespérés. Jude cité parmi les douze apôtres qui accompagnent Jésus. Et la proximité d’une église, celle de Lalande située quasiment en bordure du camp pourrait être liée à cette évocation. Toutefois ceci n’est qu’une hypothèse qui demande à être vérifiée et certifiée.
Mais il est troublant de remarquer que, comme une prémonition, Jude, reconnu comme le patron des cas désespérés, à l’instar de Sainte Rita, avocate des « causes désespérées ». a donné son nom à un lieu qui, plus tard, a accueilli des espagnols réfugiés, des juifs traqués, tous à l’avenir des plus sombres et envahis de désespoir plus que d’espoir …
(Jean-Marc Labarta) Ecrit le 28 octobre, jour de la Saint Jude.
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