divendres, 2 de novembre del 2012

Maître Louise Gomez, devenue avocate à l'âge de 84 ans : «Je veux plaider !»



http://www.ladepeche.fr/article/2012/10/31/1478915-maitre-louise-gomez-devenue-avocate-a-l-age-de-84-ans-je-veux-plaider.html


SERMENT

Louise del Busto  Gomez a prêté serment à la cour d'appel de Toulouse: «Avec volonté et compétence, on arrive au bout de ses rêves», juge  Hugues Kenfac, doyen de a fac de droit de Toulouse.../ Photo DDM Thierry Bordas - Tous droits réservés. Copie interdite.
Louise del Busto  Gomez a prêté serment à la cour d'appel de Toulouse: «Avec volonté et compétence, on arrive au bout de ses rêves», juge  Hugues Kenfac, doyen de a fac de droit de Toulouse.../ Photo DDM Thierry Bordas ()
Louise del Busto Gomez a prêté serment à la cour d'appel de Toulouse: «Avec volonté et compétence, on arrive au bout de ses rêves», juge Hugues Kenfac, doyen de a fac de droit de Toulouse.../ Photo DDM Thierry Bordas
Louise del Busto Gomez qui a prêté serment hier à Toulouse est désormais avocate à l'âge de 84 ans. Un moment d'émotion qui vient ponctuer le parcours volontaire de «Louise courage».
Une seule nouvelle avocate mais beaucoup de robes et d'amis pour la prestation de serment de Louise del Busto Gomez, hier matin, à la cour d'appel du tribunal de Toulouse. A 84 ans, cette Castraise, réfugiée à 11 ans de la guerre civile espagnole, a juré en levant la main droite de respecter le code de déontologie de la profession et d'exercer ses fonctions avec «dignité, conscience, indépendance, probité et humanité». Émotion pour la famille, les bâtonniers, le maître de stage, Me Julien Soubiran (un minot de 31 ans !) ou encore Hugues Kenfack, doyen de la faculté de droit de Toulouse, tout fier que l'impétrante se soit distinguée sur les bancs de l'Université à l'âge de la retraite.
Vous voilà avocate à 84 ans ! Et ce n'est pas une vocation tombée du ciel…
J'avais une passion, le droit. A la retraite, je suis entrée à la Confédération syndicale des familles, une association de consommateur à Castres. Mon mari Victor m'a dit : «puisque tu aimes ça, inscris-toi à la fac !» J'ai répondu : «Mais je n'ai pas le bac»… Je ne pensais pas que c'était possible. J'ai pu faire la capacité en droit, puis la licence puis deux maîtrises de droit privé et de droit social…
D'autant plus méritoire qu'à 11 ans, vous ne parlez pas un mot de Français. Et vous reprenez des études 50 ans près !
Je n'avais que le certificat d'études. Entre-temps, temps, j'ai fait un peu tous les métiers, les vendanges où j'ai rencontré mon mari, dactylo chez un avoué, représentante et dix ans vendeuse dans un Monoprix à Castres.
D'où vient cette volonté d'aller au bout d'un parcours universitaire ?
Étudier, cela m'apporte une force et une envie de vivre, je ne me vois pas vieillir. Et puis, on a tellement souffert de la guerre civile. je voulais faire vraiment du droit pour la justice, et pour aider les autres.
Avec peut-être aussi un désir de revanche car vous avez également repris vos études en Espagne ?
Oui, je suis avocate à Barcelone depuis peu également. Je considère que l'Espagne de Franco m'a volé mon enfance, donc je suis revenue à Barcelone, la ville où je suis née, et j'ai repassé tous les diplômes de droit en espagnol. Ce n'était pas facile. Vous savez, en espagnol… j'ai l'accent français ! Je n'ai jamais plaidé là-bas mais j'espère le faire.
Et ici en France, comptez-vous plaider ?
D'abord, je veux remercier Me Soubiran qui m'a accueilli pour les six mois de stage. Une grande compétence, j'apprends beaucoup tous les jours. La France, c'est mon pays d'accueil, bien sûr que j'ai envie d'y plaider… et de gagner de s procès.
Après tant d'efforts pour porter la robe, que pensez-vous de s politiques battus qui squattent la profession ?
Avocat, c'est un métier merveilleux, c'est un honneur. On ne doit pas le devenir par défaut mais parce qu'on le sent.

Un parcours de Louise courage

Louise est née le 17 août 1928 à Barcelone. Le 27 janvier 1939, la fillette est en fuite avec des parents, à pied, sur les routes et sous les bombes : «Les avions de Franco, Mussolini, Hitler nous mitraillaient» dit-elle. Elle passe la frontière le 9 février, la France terre d'exil, terre d'accueil désormais. Un train pour la Normandie, les camps de réfugiés, l'Aveyron, Béziers, puis Castres en 1952. Avant, c'est d'abord l'apprentissage de la langue sur le tas, puis la scolarisation Jusqu'au certificat d'études : «Mes maîtresses ont été formidables», glisse-t-elle. Et puis, bien sûr, le, mari, Victor Gomez, lui aussi réfugié, «un grand résistant déporté à Dachau, un homme admirable». C'est Victor, aujourd'hui décédé, qui a poussé Louise à reprendre ses études : «: Pour la Toussaint, et je n'oublierai pas d'aller le remercier à Castres»…
Propos recueillis par Daniel Hourquebie