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Association Memoria andando, 12300 Decazeville
« Migrants » et réfugiés de 1939, quelles leçons de l’histoire ?
« Migrants » et réfugiés de 1939, quelles leçons de l’histoire ?
Pour nous, descendants de l’exil espagnol de 1939, le drame actuel de l’exil de milliers de réfugiés fuyant la guerre qui se présentent aujourd’hui aux portes de l’Europe a bien des similitudes avec ce qui s’est passé à la fin de la guerre d’Espagne, il y a 76 ans.
Les longues files de réfugiés qui quittent aujourd’hui leur pays le font pour des raisons évidentes : ils fuient la guerre et la mort, ils fuient aussi l’intégrisme islamiste, l’obscurantisme et la dictature. Ces personnes sont juste des êtres humains qui sur cette terre aspirent comme nous à la liberté, l’égalité et la fraternité.
Les longues files de réfugiés qui quittent aujourd’hui leur pays le font pour des raisons évidentes : ils fuient la guerre et la mort, ils fuient aussi l’intégrisme islamiste, l’obscurantisme et la dictature. Ces personnes sont juste des êtres humains qui sur cette terre aspirent comme nous à la liberté, l’égalité et la fraternité.
Les pays qui sont censés les accueillir mais qui tergiversent, portent une responsabilité au regard de cet exode. Responsabilité, car ils sont souvent d’ex puissances coloniales qui poursuivent leur présence sous d’autres formes et entendent encore peser sur les destinées de ces pays en guerre pour le plus grand profit des bétonneurs, des pétroliers et des vendeurs d’armes.
En février 1939 les centaines de milliers de réfugiés espagnols civils et militaires qui traversaient les Pyrénées quittaient l’Espagne vaincue par le fascisme. Avec Franco aidé par Hitler et Mussolini et bénéficiant de la neutralité complice de la France et de l’Angleterre notamment, l’Espagne basculait de l’horreur de la guerre à la terreur de la dictature pour les 36 années suivantes. Une répression féroce et implacablement appliquée a entraîné la mort de dizaines de milliers de républicains espagnols assassinés et jetés dans des fosses et des fossés le long des routes. Des dizaines de milliers d’hommes et de femmes ont été emprisonnés, torturés et souvent réduits en esclavage dans des camps de travail..
Pourquoi évoquer aujourd’hui ces évènements qui remontent à plusieurs décennies ? Tout simplement parce-que l’exode de ces milliers de Syriens, Irakiens, Afghans, Erithréens…, rappelle dramatiquement sur de nombreux points la Retirada des Républicains espagnols. La France qui dans un premier temps a refusé d’ouvrir la frontière aux réfugiés espagnols en a finalement laissé entrer plus de 400 000 . La presse de droite et d’extrême droite titrait alors sur ces « hordes anarcho-marxistes qui déferlent sur le Roussillon » , ces « vandales », ces « criminels », ces « pillards », ces « révolutionnaires sanguinaires »…Une certaine France xénophobe faisait entendre sa voix et le gouvernement de centre-gauche présidé par le radical Edouard Daladier débordé par la situation et cédant aux pressions de la droite et de l’extrême droite prit alors la décision d’interner les réfugiés espagnols dans des camps de concentration. Des milliers d’Espagnols sont morts sur les plages françaises entre mer et barbelés, d’autres ont été renvoyés à Franco par convois SNCF entiers. Ils ont été pour la plupart fusillés dès leur arrivée ou emprisonnés pour de très longues années.
Une partie du peuple français s’est cependant levée pour que les républicains espagnols soient accueillis dignement, des mairies ont accepté dans beaucoup de villes et villages de France d’héberger et d’aider ces réfugiés. Ce rappel de l’exil républicain espagnol répond à la question : les réfugiés sont-ils un fardeau ou une chance ? Pour nous, pas de doute. Au-delà de notre obligation d’accueillir ces demandeurs d’asile, nous pensons que, même dans un contexte économique et
social difficile, l’arrivée d’une population dynamique animée par le désir de travailler et de se faire une place dans notre société contribue à la richesse du pays à tous les points de vue.
Ces dizaines de milliers d'espagnols qui ont fait leur vie en France, qui, dans les maquis, dans la Légion, dans la 2ème DB du général Leclerc ont participé à tous les combats pour libérer la France, qui ont aidé à reconstruire le pays après la seconde guerre mondiale étaient des étrangers « indésirables » ; par centaines de milliers, leurs enfants et petits-enfants contribuent aujourd’hui au développement et à l'essor économique, culturel et sportif de la France.
En septembre 2015, et parce-que les sondages indiquent qu’une majorité de Français ne souhaitent pas accorder l’asile à un certain nombre de réfugiés, le gouvernement hésite à les laisser entrer et annonce timidement le chiffre de 24 000 en deux ans pour un pays de 65 millions d’habitants !
Dans l’élan de solidarité qui semble aujourd’hui s’amplifier en France, et comme beaucoup d’autres associations, partis et syndicats, l’association Memoria andando demande au gouvernement de la France qu'il prenne ses responsabilités pour mettre en oeuvre un plan humanitaire et solidaire d'accueil des réfugiés victimes des guerres.
La solidarité des individus ne peut suffire, aussi nous appelons à la mise en place rapide d’une politique globale et à des actions coordonnées des institutions françaises pour que l’accueil de ces réfugiés soit à la hauteur du pays des droits de l’homme et que leurs conditions de séjour en France soient facilitées en ce qui concerne le logement, la nourriture et la scolarisation des enfants.
Pour notre part nous soutiendrons toute initiative qui ira dans le sens d'un accueil digne et humain.
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