NOSOTROS, HIJOS DEL EXILIO...
... "En 1942, l'effectif d'ouvriers espagnols recrutés par les Houillères est de 696. Beaucoup d'hommes sont seuls, célibataires, ou séparés de leurs femmes et enfants retenus dans un autre département ou toujours en Espagne. Ils prennent pension dans des petits cafés, vivent souvent dans des baraquements construits près du carreau de la mine. Ils sont sous surveillance permanente, surveillance administrative, surveillance sanitaire, surveillance de « l'état d'esprit» : ces rouges sont dangereux ! Et de nombreux Français ont pour ces révolutionnaires venus d'un autre monde une méfiance sourde ou déclarée qui s'effacera progressivement en constatant jour après jour que ces Espagnols indésirables ont une conduite digne, sérieuse, responsable, souvent irréprochable.
Et c'est vrai que ces hommes, ces femmes, sont dignes, sont droits, sont fiers de leur combat.
Pendant près de trois ans, ils ont lutté pour une société idéale de liberté et de justice...
... Mais tous revendiquent fortement leur identité et ne manifestent aucun désir d'intégration. Cet exil est provisoire...
Et les Français que nous sommes, les fils et filles de l'exil espagnol, nous nous sommes sentis les enfants privilégiés d'une histoire héroïque, unique.
Sans rejet mais à l'écart d'un monde français que nous trouvions un peu terne, nous avons grandi dans notre petite Espagne si fortement idéalisée qu'elle en devenait presque la seule légitime; nous étions les porteurs élus d'une révolution possible, d'une révolution à faire. Pendant les années d'espoir nous avons été les témoins fascinés d'une grande effervescence dans la lutte «pro-España»...
Et ces idées on les défendra aussi en famille.
DIGNIDAD, ÉTICA, EDUCACIÓN, EMANCIPACIÓN, REVOLUCIÓN.
Quel programme !
Toutes ces familles militantes, concentrées dans les quartiers les plus délabrés et les plus populaires, dans des appartements exigus et vétustes inciteront leurs enfants à faire des études et ils réussiront dans beaucoup de domaines.
Les plus nombreux, je crois, deviendront enseignants, d'espagnol souvent. Fidélité à des racines, à une culture, à un idéal.
Et nos enfants parfois suivent le même chemin ...
Ce sont des composantes essentielles de notre double identité"...
(J.V.)
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