• (Photo par CASANOVAS Claude)
  • (Photo par CASANOVAS Claude)
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Samedi, plusieurs centaines de personnes ont défilé entre la gare et la Maternité suisse d'Elne pour commémorer les 74 ans de l’exode des républicains espagnols.
La tramontane glaciale n’a pas suffi à décourager les enfants de la Retirada. Ils étaient plusieurs centaines à s’être réunis hier matin devant la gare SNCF. Près de cinq cent selon les organisateurs. Le cortège s’est mis en marche aux environs de 10 h. Destination : la Maternité suisse. Objectif : commémorer l’exode des 500 000 républicains espagnols qui ont fui la dictature franquiste en février 1939. Une marche dédiée à Elisabeth Eidenbenz « Cette année, nous avons choisi de dédier cette marche au travail d’Elisabeth Eidenbenz », souligne Rosy Godet, la présidente de l’association organisatrice, FFREEE (Fils et filles de républicains espagnols et enfants de l’exode). Entre 1939 et 1944, la Maternité suisse, dirigée par Elisabeth Eidenbenz, a en effet permis à des réfugiées espagnoles de sortir des camps où elles étaient internées pour donner naissance à environ quatre cents enfants.
C’est la raison pour laquelle FFREEE a fait don d’une plaque commémorative à l’établissement, aujourd’hui devenu lieu de mémoire. Cette 14e édition des « Chemins de la Retirada » s’est poursuivie hier après-midi à Argelès. Avec, entre autres, un dépôt de gerbe au cimetière des Espagnols et un forum lors duquel les enfants de la Retirada ont pu livrer leurs témoignages. Pour lutter contre l’oubli.

 « Un bébé des camps »
Elios Pascual, 72 ans, de Versailles : « Je suis venu car ma famille est arrivée ici lors de la Retirada, en 1939. Je suis né un an plus tard. J’ai été bébé au camp de Rivesaltes. J’y ai vécu huit mois. Mon père était anarchiste et lieutenant dans l’armée républicaine. C’est pourquoi je viens aujourd’hui rendre hommage aux combattants de la liberté. Dans les années 40 et 50, c’était difficile d’être le fils d’un exilé. Mais j’ai pris l’ascenseur social et je suis devenu ingénieur. »
« Hommage à Machado »
Maria Antonia Castro, 50 ans, de Madrid : « Nous arrivons d’Espagne. Nous sommes une troupe d’acteurs et allons jouer demain (NDLR : aujourd’hui), à Collioure une pièce sur Antonio Machado. Nous avons tenu à accompagner les fils de républicains lors de cette marche, car Machado était lui aussi un exilé. Je pense que cette manifestation a aussi une dimension identitaire et qu’il est important de se rappeler d’où l’on vient. »
« J’ai vécu la Retirada »
Antoine de la Fuente, 83 ans, du Soler : « Je participe à la marche chaque année, car j’ai vécu la Retirada et les camps. Je suis né en 1929 à Puigcerdà. Nous sommes arrivés en train à Latour-de-Carol avec ma mère, ma grand-mère, ma tante, mes frères et mes sœurs. Entre 1939 et 1943, nous sommes passés par différents camps, dont notamment ceux de Saint-Cyprien, d’Argelès et de Rivesaltes. C’était vraiment très difficile. »
« Ce sont mes racines »
Fernande Piquemal, 74 ans, de Toulouse : « Je participe à la marche depuis 2001. J’ai passé ma petite enfance dans les camps. Ce sont mes racines. Je suis passée par Argelès. Mais n’y suis pas restée longtemps. Mon petit frère est né à la Maternité suisse et décédé au camp de Rivesaltes. Mais je ne me souviens pas de cette période. Mon premier souvenir date de l’époque où nous étions avec ma mère dans un centre d’hébergement en Auvergne. »