Présentation détaillée du projet

En 2010, à l’occasion d’un voyage mémoriel sur le site du camp de concentration de Sachsenhausen, situé à une trentaine de kilomètres de BERLIN, est née l’idée d’une action symbolique pour le 70ème anniversaire de la libération des camps nazis (2015). L’épisode final de l’évacuation du camp central de Sachsenhausen et de ses annexes par des marches meurtrières apparaissant comme l’un des évènements les plus marquants de cette période tragique, le projet d’élaboration d'une action retraçant le parcours effectué à pied par les déportés lancés vers leur destin funeste prit forme.  
Carte_des_camps_-_source_fmd-1421097014
Carte des camps de concentration et d'extermination nazis.

L’élaboration de ce projet symbolique a démarré par la détermination d’un cadre physique et temporel. Pour cela, nous avons choisi de parcourir dans leur intégralité, le tracé de ce que l'on dénomme les "marches de la mort", dans les pas du déporté matricule 66213 du camp de Sachsenhausen. Ce camp de concentration avait deux caractéristiques majeures. D'une part le fait d'héberger l'Inspection générale des camps, élément central du système concentrationnaire nazi. D'autre part, le nombre de déportés français qui y était très élevé. Alors que débutait l’évacuation du camp principal le 21 avril 1945, le matricule 66213 fut lancé lui aussi sur les routes en direction de la Mer Baltique, au départ du kommando Heinkel dans lequel il avait été affecté qui était un camp-usine où les déportés étaient les esclaves de l'industrie militaire allemande. Dans tous les cas, puisque c'était l'ordre de Himmler, c'était la mort qui les attendrait au bout du chemin. Aucun témoin ne devait en effet en réchapper. Avec ses camarades, il allait parcourir quelques 160 kilomètres sans le moindre ravitaillement, alors que la plupart se trouvaient déjà dans un état déplorable. Et à chaque moment de faiblesse, c'était une balle dans la nuque qui leur était promise. C’est donc sur leurs traces que nous nous déplacerons, jusqu’au village de Parchim où le matricule 66213 fut libéré par l’Armée Rouge. Et pour mieux coller aux commémorations internationales qui se dérouleront au printemps 2015 sur le site même du camp, c’est en avril que se déroulera cette marche, 70 ans mois pour mois après ces évènements meurtriers.

Marcher dans les pas de l’un d’entre eux, ce sera marcher dans les pas de tous. Et la veste intacte du déporté 66213 nous le rappellera à chaque instant puisqu'elle accompagnera les acteurs dans leur effort, redonnant corps quelques 70 années plus tard à une mémoire toujours vive.
Veste_ac-1419627974
Veste sauvegardée du déporté matricule 66213.


Le parcours de la Mémoire en marche 2015 est donc établi, de la ville deGermendorf, où se trouvait le kommando Heinkel jusqu'à Parchim, soit 160 kilomètres environ en direction du nord-ouest de l’Allemagne. La route choisie a été fixée à partir du témoignage du matricule 66213, et en tenant compte des connaissances actuelles relatives à ces marches de la mort. Par cohérence, nous achèverons notre travail de mémoire dans la ville de Schwerin où les déportés rescapés rejoignirent les Forces américaines. C'est également à Schwerin que se trouve le Mémorial consacré à ces marches. N’ayant pas la moindre connotation « sportive », cette action mémorielle se déroulera sur les lieux historiques, à la recherche des traces d’un passé visible ou invisible.
Carte_marche_de_la_mort_couleur-1421097392
Tracés des "marches de la mort" qui se déroulèrent en avril-mai 1945.

De nombreux témoignages de survivants constituent une bibliographie utile à notre action. Le témoignage du matricule 66213 a fait l'objet d'un livre publié sous le titre "Terre ! N'efface pas leurs visages" aux Editions Atlantica (2006). Le matricule 66213 était en fait le père de Michel Claverie, l'un des deux passeurs de mémoire porteurs de ce projet.